ESTONIE, L’UTOPIE STARTUPIENNE

L’Estonie est le seul pays au monde qui, depuis deux ans, offre l’e-résidence permettant d’accéder à l’ensemble de ses services administratifs. Ceci est aussi valable pour les Tunisiens, même pour ceux qui n’ont jamais foulé le sol estonien. Il faut juste aller récupérer sa carte d’e-identité dans l’une des 37 ambassades de l’Estonie dans le monde. (Malheureusement, il n’en existe pas en Tunisie.) Le pays vise à atteindre 10 millions d’e-résidents, d’ici 2025 (pour une population actuelle de seulement 1.3 million d’habitants!). 

En Estonie, tout se fait à distance 

Pour conclure des affaires dans (ou avec) l’Estonie, il faut être soit résident ou un e-résident (je fais partie de cette deuxième catégorie). Ce qui est très important à souligner est que tout peut se faire à distance, y compris les procédures administratives. Déjà ce pays est considéré comme l’un des meilleurs endroits en Europe pour créer sa société. En effet, 18 minutes sont plus que suffisantes. Le tout se passe sur Internet, bien évidemment.

 L’Estonie : c’est un voyage dans l’espace et dans le temps 

Non content de ce qui a été réalisé, le gouvernement estonien vient de lancer, le 18 janvier dernier, une toute nouvelle initiative intitulée “Startup Estonia”. Le but de ce programme est d’enrichir l’écosystème estonien et de créer le berceau de nouvelles success stories internationales. Cela a été fait en associant et en unissant le meilleur des startups, des incubateurs, des accélérateurs du secteur privé et du secteur public. Le titre “Meilleur endroit pour lancer une entreprise en Europe” ne suffit plus. L’Estonie vise le premier rang mondial. 

Big Successful Estonian Mafia Family 

C’est une expression qui est devenue la “marque” de la communauté startupienne locale. Elle est aussi le slogan d’un programme visant à atteindre les 1000 startups d’ici 2020. Startup Estonia veut projeter une image fiable et prospère du paysage économique et des entreprises estoniennes. Afin de pouvoir faire tout cela, ce programme dispose d’une enveloppe de 7 millions d’euros de la part du Fonds européen de développement régional. Les startups estoniennes s’étalent sur tout le spectre et il est donc difficile de les classifier, bien qu’on remarque une légère prédominance des secteurs de l’IT et du B2B.

 Startup Visa : Schengen, valable jusqu’à 5 ans ! 

Comme l’indique bien son nom, Startup Visa permet aux entrepreneurs étrangers de s’installer en Estonie pendant 18 mois et de démarrer leurs entreprises … sans condition aucune ! Il faut juste bien pitcher son projet et business model et arriver à convaincre un comité composé d’entrepreneurs. 

Résultat : l’Estonie compte aujourd’hui plus de 400 startups, dont environ 90% dans l’early stage. 

Le visa Startup long séjour attribué est de type Schengen. Cela implique une résidence temporaire en Estonie (jusqu’à 18 mois) et la permission d’un court séjour dans tous les pays de l’espace Schengen (jusqu’à 90 jours). Il est à noter qu’avoir une société estonienne n’est pas obligatoire pour pouvoir profiter de ce type de visa. Ceci n’est exigé que si vous envisagez de rester plus de 18 mois. Dans ce cas, l’ouverture d’une entreprise devient une condition préalable pour demander le permis temporaire pour l’entrepreneuriat donnant la possibilité d’y séjourner pendant une durée qui peut aller jusqu’à 5 ans. 

Je veux lancer ma startup estonienne: que dois-je faire ?

 Remplir un formulaire. C’est tout ce qu’il faut pour accéder au programme. Cerise sur le gâteau, ledit formulaire est accessible sur Internet via l’adresse suivante: startupestonia.ee/visa/founder. Pour les entrepreneurs qui ont établi leur entreprise en Estonie et souhaitent y séjourner plus longtemps, il est possible de demander un permis de séjour temporaire d’une durée pouvant atteindre cinq ans. Les familles des entrepreneurs-aventuriers sont, elles aussi, les bienvenues ! 

$$$$$ ?

 L’examen de la demande du visa Startup, par le comité mentionné ci-dessus, est totalement gratuit. Si votre demande est acceptée, en revanche, il faut payer une facture de 60€ pour un court séjour ou 80 € pour un long séjour. C’est moins cher qu’un visa touristique en France ! Avec l’essor des startups estoniennes, le besoin de recrutement des talents devient plus important que jamais. Jusqu’à présent l’Estonie recrute ses talents principalement auprès des pays suivants: Ukraine, Russie, Bélarus, États-Unis et Royaume-Uni. Espérons qu’elle s’intéressera bientôt à la Tunisie.

Par WISSEM OUESLATI 

Expert IT & E-commerce

leManager • MARS 2017 • N° 228

blog1

La folie des terrains imaginaires

La folie des terrains imaginaires !
La séparation n’est qu’une illusion…

La vente de propriétés immobilières virtuelles a explosé ces deux dernières années. L’agence Immobilière californienne Ruby Home Luxury Real State estime que les transactions des propriétés virtuelles dans le métavers ont dépassé en 2022 le cap de 1,9 milliard de dollars. Des entreprises comme Adidas, des banques comme JP Morgan, ainsi que des start-ups et des personnes ordinaires achètent déjà ces terrains imaginaires dans le métavers. Une tendance qui a donné naissance à une nouvelle génération d’architecture immobilière numérique. On prévoit que le marché de l’immobilier virtuel devrait augmenter de 5,37 milliards de dollars entre 2022 et 2026.

LES PROPRIÉTÉS VIRTUELLES(VIRTUAL REAL ESTATE)

Alors, c’est quoi exactement ces terrains virtuels? Quel est leur but? Et pourquoi les investisseurs paient-ils des millions de dollars juste pour en posséder un? Les terrains virtuels sont des espaces numériques que vous pouvez acheter, vendre, construire dessus et explorer dans un monde virtuel.De nombreuses plateformes basées sur Blockchain vendent leurs terrains et terres virtuels délimités à des entreprises, des particuliers et tous types d’investisseurs.Ceux-ci en deviennent fous parce qu’ils croient que les grandes entreprises et les organisations géantes vont bâtir à l’ave-nir leur empire virtuellement; ils espèrent vendre les terrains virtuels qu’ils possèdent pour une somme d’argent considérable. Autrement dit, s’ils ont raté le Bitcoin lorsqu’il était à moins de 1 dollar, il n’est pas question de rater l’achat des terrains virtuels. Du point de vue conceptuel, une propriété virtuelle s’achète et se vend dans le métavers.On désigne ce bien virtuel généralement par le terme de Metaverse real estate Virtual real state. Chaque parcelle de terrain virtuel est sous forme de jeton non fongible (NFT), dont le suivi est assuré par la technologie Blockchain qui prouve la propriété de la personne propriétaire de cette parcelle virtuelle. Les terrains sont gérés par des plateformes d’un monde purement virtuel (Virtual world platform). Chaque Plateforme virtuelle a ses propres terrains.Chaque terrain virtuel (land) a ses coordonnées, tout comme les parcelles du monde physique «réel», et la combinaison de deux ou plusieurs parcelles adjacentes donne un domaine semblable aux domaines de notre monde physique. Les propriétaires peuvent aménager leur terrain dans le monde de la réalité virtuelle, mettre des objets, bâtir des constructions et rencontrer d’autres utilisateurs dans leurs espaces virtuels.L’immobilier virtuel peut être acheté, en totalité ou en copropriété, vendu ou loué.Les acheteurs peuvent acquérir un terrain avec une hypothèque (virtuelle évidem-ment) ou payer avec une crypto-monnaie via leurs portefeuilles. Certains mondes virtuels n’effectuent des transactions qu’avec des crypto-monnaies spécifiques à leur plateforme alors que d’autres acceptent différentes crypto-monnaies. A l’heure actuelle, ce concept des terrains (lands) virtuels peut être facilement compréhensible pour certains. Pour d’autres, notamment les baby-boomers et la génération X (comme la mienne), il serait un peu plus complexe. On peut alors leur dire que c’est un monde qui n’existe pas physiquement mais qui existe dans une autre dimension et que vous pouvez l’expérimenter dans un univers totalement virtuel.

Comment ÇA SE PASSE<< RÉELLEMENT»DANS LE VIRTUEL?

Avant d’entrer dans les détails et de développer des cas pratiques, il faut se rappeler avant tout que le principe fondamental du métavers est bien l’expérience immersive des utilisateurs: grâce à un clic et muni d’un casque de réalité virtuelle, on peut vivre l’expérience que ressent un enfant à Dahdah(دحدح في السفينة المجنونة), une personne dans le grand huit de Walt DisneyLand ou un yogi qui prend la position du lotus au sommet du Tibet. Et comme ce n’est ni possible ni à la portée de n’importe qui de réaliser le rêve d’aller au Tibet ou au Walt Disney World de Floride, on nous commercialise alors l’idée que tout est possible dans le monde virtuel (ce qui est relativement vrai). On nous fait construire alors ce nouveau monde virtuel «Virtual world platform» avec ses parcelles imaginaires, ses montagnes imaginaires d’un Tibet virtuel, ses parcs d’attractions imaginaires d’une Floride virtuelle et d’autres biens numériques très séduisants, inspirés de notre monde matériel. Maintenant que les règles du jeu sont claires et qu’on est conscient de ce cirque (virtuel), on peut aborder ensemble les détails pratiques et techniques en pleine conscience. Ces dernières années, de grandes plateformes de métavers sont devenues célèbres en offrant des terrains imaginaires, à l’instar de De-central and, The Sandbox, Otherside, et la liste est en pleine expansion. Prenons à titre d’exemple la plateforme métavers appelé central’hand qui, comme son nom l’indique,est composée de Décentra + Land, ce qui veut dire terrain ou terre décentralisée qui n’est qu’un monde totalement imaginaire et virtuel, basé sur la Blockchain dont les utilisateurs développent et possèdent des parcelles de terrain, des œuvres d’art et des NFT. Les fondateurs de cette plateforme ont ainsi créé leur propre univers virtuel contenant des parcelles de biens immobiliers numériques, des objets et d’autres actifs personnalisables qui peuvent être achetés en utilisant la crypto-monnaie spécifique à ce monde virtuel (MANA) disponible sur plusieurs plateformes d’échange de crypto-monnaies comme la célèbre Binance(voir notre chronique de mars dernier, Bi-nance To Tunisian Jail) ou Coinbase. Dans Le nouveau jargon de ces univers virtuels,on appelle les utilisateurs propriétaires de ces terrains virtuels les «DecentraLanders».Et ce terrain imaginaire n’est qu’un token virtuel qui représente un actif de Décen-tra land, cela inclut les propriétés (lands) et d’autres objets de collection (imaginaires évidemment) sous forme d’objets NFT collectionnés, créés et échangés, conférant aux utilisateurs un droit de propriété. Les propriétaires ont la possibilité de monétiser leurs terrains (lands) comme bon leur semble. En plus d’échanger des objets et des biens, les utilisateurs de cet univers virtuel peuvent créer des applications et des scènes 3D qui leur permettent de remplir leur espace personnel de jeux, d’activités et d’œuvres d’art leur permettant ainsi des interactions plus riches. Les quartiers de central’hand ont été conçus de façon à attirer les habitants partageant les mêmes idées et appartenant à la même communauté, ce qui a conduit des annonceurs publicitaires à acheter des espaces dans ces quartiers et à y installer des panneaux d’affichage(imaginaires évidemment). Vous vous êtes probablement posé la question concernant l’ordre de coût de ces lands. On a estimé que le prix moyen d’un land en février 2022 était de l’ordre de 16 000 dollars. Actuellement,c’est autour de 4000 $ seulement à cause de la crise des crypto-monnaies de l’immobilier dans ces terrains imaginaires! Mais il faut aussi savoir que certains biens ont été vendus à plus de deux millions de dollars,comme c’est le cas de Fashion Street, un domaine de Decentral And contenant 116 parcelles de terrain. Il a été vendu contre une somme équivalente à 2 420 000 dollars américains! Les folies existent aussi!Une parcelle de terrain dans la plateforme Sandbox a été vendue pour 4,3 millions de dollars. Certaines informations indiquent qu’un groupe de développeurs de la société de jeux vidéo Atari est le propriétaire de cette terre imaginaire depuis décembre dernier! En relisant la chronique parue dans notre magazine il y a six ans exactement (septembre 2016), intitulée «E-monde:Toutes les frontières sont abolies. Bienvenue Dans le désert du réel, The Matrix», je suis de plus en plus convaincu que la séparation entre le physique et le non-physique n’est qu’une illusion. Ce qu’il faut, c’est juste d’avoir les bons outils nécessaires, comme le faisait toute personne dans «The Matrix»;dès qu’elle est branchée, elle plongeait dans un monde entièrement différent du nôtre,ou plus précisément différent de notre«réalité».

* Terre réelle ou imaginaire?* Monde réel ou illusoire?* 

Pilule bleue ou rouge?Les réponses à ces questions sont généralement apportées par des élus comme Néo qui voyage souvent entre le physique et le métavers et en choisissant la pilule rouge, il a fini par découvrir que le monde physique dans lequel on vit (ou on croit vivre) est déjà en soi un monde virtuel et, plus précisément,n’est qu’un univers totalement imaginaire,simulé par un programme informatique..

Wissem Oueslati Expert IT & E-commerce
Managers Magazine Septembre 2022 • N° 288